INTERROGATOIRE 4

DOUTEUR (SUITE)

- Vous aviez un site Internet

- Et je n'avais aucune idée quoi mettre dedans.

- Syndrome de la page blanche à la dimension de la planète.

- Je suis resté un bon moment à me demander. Cioran, encore, faisait des aphorismes. Sa pensée résumée en formules brèves et vrillantes. Je n'allais pas me mesurer à lui. 

Quelque part, j'ai écrit: Est-ce que la vie vaut la peine d'être vécue ?

- Et la réponse est:

- Non.

- Vous êtes sûr.

- Jeune, on a des illusions. En vieillissant les illusions s'en vont comme les feuilles mortes à l'automne

- C'est poétique

- On ne fait que répéter. Si on se pense original, c'est qu'on n'a pas assez lu. C'est probablement quelque part. L'esprit est si limité. Seul l'ignorance nous rend vaniteux.

- Et si le vie est comme vous dites, vous faites quoi?

- Comme tout le monde - mais la plupart s'occupe pour ne pas trop y penser - j'attend la mort.

- Et vous pensez attendre longtemps ?

- Je suis pour l'euthanasie, l'eugénisme, le suicide assisté et faute de mieux, le suicide personnalisé.

- Pas très catholique, tout ça!

- Si ça dure trop longtemps, je ne vois pas pourquoi j'attendrais encore plus. 100 % des gens meurent. En naissant, on est condamné à mort. 

- La plupart des gens essaient de réussir leur vie. S'enrichir.

- On a échoué dès le départ, en partant, puisque quoi qu'on fasse, quoiqu'on accapare, tout nous sera enlevé. Si on a un peu de chance, on ne s'en apercevra pas. Notre pauvre cerveau sera trop malade pour se rendre compte qu'on nous amène gentiment - mais faut suivre le pas - dans un centre où on parque les gens comme nous (à ce moment) en «perte d'autonomie». Comme on dit dans ces cas-là.

- Et on va au Ciel. Il y a une vie là-bas, selon certains.

- Il n'y a pas de vie nulle part. Ni ici, ni là-bas, ni ailleurs. Tant mieux ceux qui croient quelque chose à ce sujet.

- Désespéré ?

- L'espoir est un sentiment. Il a un sentiment contraire. Ne pas avoir d'espoir est la réalisation, l'acceptation d'un fait.

- Et la vie ?

- Elle est faite pour une autre catégorie de gens. Il faut sans doute avoir plus de vitalité. Plus d'énergie. Pouvoir supporter plus ou accaparer plus. 

- La vie est pour les gagnants.

- Et elle est remplie de perdants.

- Vous alliez mettre toutes ces belles pensées dans votre Blog ?

- Au début, je ne le savais pas. 

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Le monde est gouverné par des psychopates ce qui explique bien des choses.

PUBLIÉ PAR DOUTEUR À 2/21/2009

La première. Le 21 février 2009. Après quelques mois de tournage autour du pot. L'impression que c'est sérieux. Alors que rien ne l'est. Comme lorsqu'on est à la première page d'un livre neuf. Rien d'écrit. Comme lorsque j'écrivais sur les grands agendas. Tout nouveau tout beau.

- Vous alliez écrire des vérités ? 

- Ce que je pense. Vrai ou non. Ce que je pense.

- Et, pour vous, le monde est gouverné par des fous ?

- Lorsqu'on lit l'Histoire. Même si les historiens professionnels font bien attention lorsqu'ils choisissent leurs mots. Mais ils doivent toujours décrire les actes. Un «beau» massacre. Reste un massacre. «10 000 morts» reste un massacre. Même si on n'a mis aucun adjectif déplaisant pour déprécier la chose. Il y a l'Histoire des guerres, des batailles. Celle des pays, nations, États, peuples qui surgissent, dévastent, engouffrent et meurent. J'allais dire que c'est très moral. Mais une morale lente. Qui ne sert à rien. Puisque les victimes meurent. Que les bourreaux meurent aussi. Que les puissants qui volent meurent aussi. Et que ça recommence.

- On a l'impression qu'on tue dans la joie ?

- Exact. Mais on ne le dit jamais. Ce sont les pauvres qui tuent pour les riches. Ou se font tuer pour sauver les riches ou les enrichir encore. Ce sont les pauvres qui contrôlent tous les autres pauvres, en temps de paix ou de guerre - éternelle ritournelle - obéissent, font obéir, font les lois, les écrivent, expliquent pourquoi les lois des chefs sont wow! Pourquoi les chefs sont wow!. Les pauvres punissent pour eux. Et ils se reproduisent. Les chefs et les esclaves. Comme les castes chez les fourmis. Tout le reste est littérature pour empêcher de comprendre et de voir ce qui est si évident. Ce qui crève les yeux. Ce pourquoi on crevait véritablement les yeux afin de punir. Il n'y a pas une horreur qui n'a pas été inventée. Une machine à faire souffrir. Une torture pour punir. Il y a une Histoire qui a été faites sur ce sujet. Et lorsqu'on apprend, on découvre qu'il y a un mot qui s'applique aux humains: satanique. Diabolique. Et ça fonctionne comme ça depuis... disons 10 000 ans. Puisqu'on dit que l'humanité a inventé l'écriture vers ces années là. Mais ça devait être comme ça avant. Et tous les pays sont nés du vol et de la guerre. Toutes les cartes géographique sont pleines de sang. Et on tue pour être riche. Pas tout le temps. Mais beaucoup.

- Et on n'apprend rien ?

- Et ça recommence sans cesse. On change les noms. Les mots. Quand un mot devient trop évident, on le change: comme le nazisme. 

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Dargaud, l'éditeur d'Astérix et de beaucoup d'autres vendit un jour son entreprise. Ce qui ne fit pas l'affaire des auteurs dont certains sont des vedettes et qui se trouvent placés devant le fait accompli. Surpris de la réaction, monsieur Dargaud résuma son point de vue: C'est comme le fermier qui vend sa ferme et qui demande l'opinion de ses vaches.

PUBLIÉ PAR DOUTEUR À 3/27/2009

- Une autre idée.

- Votre collection de crétins.

- C'est à ce moment que j'y ai pensé. Pourquoi découper ou noter sur papier quand.

- Mais ça ne sert à rien.

- Rien ne sert à rien. C'est Héraclite qui disait que les humains sont simplement là pour faire nombre. Pour faire beaucoup. Remuer. Décorer. Comme les insectes. La Nature en produit sans cesse. Le fait mourir. Ils font de l'engrais. Mais ils ont pondu et en voilà d'autres. Comme s'il en fallait partout. Que pas un espace ne soit inoccupé. Et pas un espace n'est vide. Il y a toute sorte de choses. Et, il y a des tas d'humains. Et on se croit supérieur. Unique. Viande. Quand je faisais de la poésie et que j'étais plus jeune: je parlais de viande à cercueil. La tombe digère. La terre est un grand estomac.

- Et vous pensiez que les gens vont lire ça!

- Je ne pensais à rien du tout. Je l'ai dit: les artistes sont caves. Sinon, ils feraient comme tous les gens raisonnables autre chose. Ce que leurs parents et tous les gens raisonnables ne cessent de leur dire, de leur répéter. Mais ils n'écoutent pas. Et ils seront punis.

- DOUTEUR vous servira de réserves à crétins.

- J'y poursuivrais mes bonnes oeuvres. Et il y aura des textes intéressants. Pas crétins. Comme un scrap book virtuel. C'est ce que ce serait. Mais comme tous ces textes finissent pas me tanner moi-même, je varie. Je met des images. Photos. Dessins. Et de la musique. Avec liens sur Youtube. Ce qui est le plus simple. Ma récolte du hasard. Musique intéressante. Mes trouvailles. Ce qu'on appelle musique du monde qui est aussi celle d'ici. Ce que j'aime. Et, ensuite, en alternant, mes crétins illustres ou non. 

Et ce qui me semble dans la catégorie des idées brillantes et instructives. 

Je poursuis mon éducation qui fut très bâclée, comme chez tous les peuples vaincus et ne voulant pas l'admettre et suicidaire. Il faut une éducation homéopathique chez les fils et les nouvelles générations. Afin qu'ils obéissent et se soumettent bien. Convenablement. Comme il convient. Il y a une belle généalogie chez-nous. 

Ne pas réaliser notre situation nous demande presque tout notre esprit et notre temps. 

- Situation ?

- Vaincus. Perdants. Conquis. Gouvernés par nos ennemis. Il en faut de l'esprit pour se mentir autant et réussir depuis 1760 à accepter cette situation inacceptable. Et nous avons réussi. 

- Déprimant!

- Et j'en ai des milliers comme ça. Sans compter les milliers des papiers, agenda qui vont finir à la poubelle à ma mort.

Google note 6218 messages. Et il me semble que je dois le croire. Moi, je note 6412 mais j'ai un déficit d'attention. Il est donc logique que je me trompe régulièrement dans le comptage. Et je me suis, en effet, aperçu que, régulièrement, je me trompais dans les chiffres. Il y a donc des sujets avec 2 numéros pareils. C'est la vie. 

Et mon déficit d'attention m'a amené vers une manière personnelle ou particulière de faire des romans.

Et j'ai commencé un jour à faire des commentaires de commentaires. C'est devenu des textes en bleu qui interrompaient les sages propos de mes invités involontaires. Je les démontait comme on fait avec les réveil-matins. Eux, commentant sérieusement le monde parce que ce sont des gens bien. Sérieux. Qui ont des choses à dire. Des leçons à donner. 

Et moi qui ricanait. Je devrais m'en vouloir. 

Qui faisait des trous bleus dans leurs beaux textes.

Et le temps passa encore.

Et probablement parce que je m'étais fatigué des mots ou que j'avais l'impression que la réalité se répétait - donc ce qu'on peut en dire - puisqu'on ne peut pas changer de personnalité, seule manière de voir autrement les choses: réussir enfin à voir et à croire que le Marché est Libre et que c'est wow!. Ben non!

Alors, j'ai commencé à mettre des petits dessins insignifiants. Les miens. Les plus insignifiants de tous.

Avant, je mettais ceux des autres. Bien mieux que les miens. Ou les photos. Ou les images des autres. 

Parce que c'était simplement beau. Ou racontait, illustrait, documentait plus efficacement. 

Ensuite, j'ai fait comme les Situationnistes ou les Dadaïstes faisaient avec les films de Kung Fu. Remplaçant les voix et les dialogues par des textes absurdes sur la victoire du peuple ou des commentaires comme dans l'émission Drôle de Vidéos. Où on voit une partie des jackasses et des malchanceux de la planète. Sauter d'un toit en planche à roulettes est dangereux. Il faut le noter.

Par exemple, il y eut une mode des appareils bizarres pour faire des exercices dont la pub passaient la nuit - je ne dors pas beaucoup - Cioran disait ne jamais dormir - ce qui explique pourquoi il était Cioran et moi que moi. Et je racontais que des bonnes soeurs s'en servaient pour souffrir pour Jésus. Absurde et de mauvais goût. Je sais.

Il y a vraiment de tout. 

Et je continuais avec encore des citations. Des notes des lectures. Des impressions. Des informations. Comme si quelqu'un allait les lire.

J'aurais dû mettre des photos de petits chats. Il y a même une fonction Google pour, automatiquement, télécharger et présenter un diaporama de petits chiens cute (quioute). kawaii. 

Alors, un jour, parce que c'est ce que je pensais devoir faire - je fonctionne toujours comme ça - je n'ai une idée sur rien et je ne sais pas quoi faire et, tout à coup, parfois, ça devient évident. 

J'ai mis mes propres dessins. Pour commenter l'actualité à ma manière ou à la leurs. 

Je ne sais pas si 1 image vaut 1000 mots. Mais le Blog a changé comme moi. Et il faut croire que j'en suis rendu là. 

Et je suis toujours vivant.

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