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Vie et moeurs de monsieur Henry Dickson

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samedi

INTERROGATOIRE 9

DOUTEUR HENRY DICKSON

- Un site, disons, philosophique, dans le sens des Lumières alors qu'un «philosophe» était un libre-penseur. On dirait libertaire, de jours

- À différencier de Libertarien. Les néo-libéraux (il n'y a rien de «libéral» là-dedans) de droite. Aux USA, liberal est un gauchiste proche des communiste et c'est une insulte venant des Republican qui ne sont pas plus républicain que ça. Porte-parole du patronat et des riches. Ici, Libéral. C'est être du parti Libéral provincial ou fédéral. Au Québec. Centre-Droit. Lèche-botte de la Chambre de Commerce. Fédéraliste. 

- On ne cesse d'utiliser des mots pour dire à quel groupe on appartient ou veut appartenir. Et ce sont des groupes ou sous-groupes dont la philosophie est floue. Si c'est politique, ça veut dire: prendre le pouvoir et faire obéir les autres. Gardiens de moutons, chien de berger, pour monsieur le fermier.

- Et gauche, c'est pareil. Quelle gauche ? À qui ?

- Il faudrait dès que 2 personnes se réunissent prétendant faire parti de ceci ou de ceça, leur demander non leur étiquette Nike ou PQ mais ce qu'ils pensent de. Et on aligne les mots qui choquent. Ensuite, on a une idée plus précise de quelle sorte de gauche ou de droite ou des nuances.

- Mots qui choquent ?

- Si on veut aller vite et ne pas se lancer dans des grands principes sur la liberté et la démocratie - dans nos contrées, tout le monde est éduquée pour dire du bien de la liberté et de la démocratie. Ce que chacun entend par ces mots n'est pas précisé. 

Mots qui choquent: les bonnes femmes - une claque sur la gueule ou pas ? Combien ? Un homme vient de gifler sa fille ce qui l'a tué, il a droit à 60 jours de prison les fins de semaine, c'est trop ? Le juge a pensé que dans son pays de taré, il est d'usage commun d'éduquer physiquement ses enfants, que c'est normal. Il a simplement tapé trop fort parce que sa fille de 13 ans se rebellait et refusait de nettoyer la cuisine. Les veines du coup lui ont pété. C'est normal ou pas ? Je veux savoir. On ne me dit rien. Droit à l'avortement ? À la contraception ? À l'éducation sexuelle - c'est quoi? ça sert à quoi? ça entre où ? et on est supposé aimer ça? Un foetus, ça à une âme immortelle. C'est un être vivant. Une ovule aussi ? Un spermatazoïde itou? Les indiens - on les voit pas mais il y en a ici et là - on les tue? on fait semblant qu'ils n'existent pas comme on fait pour les «itinérants» (les français de France - les meilleurs français - disent SDF Sans Domicile Fixe - bon à savoir, parce que le nombre va exploser si on coupe les pensions comme certains veulent le faire. Le camp de concentration pour les SDF ? Les immigrants. Foulard. Tchador. Burka. à combien d'étranger, ça cesse d'être normal? On laisse les Juifs couper le bout du zizi des bébés garçons ou on envie les services sociaux et hop! en tôle, le rabbin. 

Santé Et Service Sociaux

Et la sorcière de la brousse qui veut couper le clitoris de sa fille. Et les syndicats ? Les gens ont le droit de s'assembler ou non ? Ça à déjà été interdit. On peut l'interdire à nouveau. Et pourquoi payer les travailleurs ? L'esclavage c'est mieux. On les vendra et achètera. On peut même faire des fermes de reproduction pour les bébés travailleurs à qui on inculquera dès l'enfance une éthique du travail rigoureuse et l'appréciation de la souffrance. Avec Darwin. Et Jésus.

- Le travail de toute une vie et finir martyre?

- On change de site: Henry Dickson. D'abord une banque mémoire puis un site d'art et d'essais

- Sans que je le veuille. Il y avait le nom. Puis le personnage. Sans rôle. La maison ensuite. 
Le squelette dans la cheminée. Hitler. 

- Hitler, détective privé, c'est pas mal!

- Une idée comme ça. Comme je n'en ai pas beaucoup, si ça me tente, je me dis pourquoi pas ? Ça nous mène où? 

- Avec Kafka. 

- Hitler, jeune artiste qui comme tous les jeunes doués se cherche - en pleine révolution culturelle - avec Kafka qui fuit son pays et toutes ses soeurs.

- Et Hitler qui a des problèmes avec sa soeur. 

- Le nazisme, c'est sa faute. Hitler était incompris et...

- Il y a eu Polytechnique ici avec un autre incompris.

- Mon pauvre monsieur, la vie va mal, vous voulez une tisane ?

- On arrive au PROFESSEUR BULLE

- C'est mon côté incompris. D'autant plus que c'est moi qui ne me comprenait pas moi-même. J'ai aimé bien des choses. Écrire. J'écris depuis 50 ans. Je dessine depuis 50 ans. 

Écrire, ça n'a pas changé depuis des millénaires. Mais le dessin, oui. Comme la musique. 

La langue a changé, l'écrite, celle qui m'intéresse, oui. Mais le roman: L'Iliade. Qui n'était pas un roman mais une sorte de mythe raconté au cours des âges par des poètes voyageurs qui l'apprenaient par coeur, le racontaient et le modifiaient selon leur public, comme font les humoristes. L'écriture a fixé le texte. Le livre avec des mots imprimés. On dit que la tablette avec l'«encre électronique» ou le téléphone portable «intelligent». 

- Gesca/Power Corporation/ Desmarais fils annonce que la version papier de ses journaux, y compris la Presse et le Soleil va disparaître.



- On ne cesse de parler de la fin du livre.

- Il se peut que les jeunes qui n'auront connu autre chose liront sur un autre médium. Les textes ont été tracés dans l'argile, la pierre. Dessinés sur papyrus, peau, bois, bambou, papier, soie. On est passé du rouleau au découpage par feuille et pagination et couture dans un boitier cartonné. On a imité les Chinois et imprimé ce que les moines copistes faisaient à la main. On a découvert les lignes, les paragraphes, les majuscules, les espaces entre les mots, les virgules et les points. Rien de nouveau depuis 500 ans. La Bible de Gutenberg 1455. 

Mais le livre demeure un merveilleux objet pas simplement esthétique ou culturel mais technologique. Des siècles pour y arriver. Pas de batterie. De fil. De l'information en masse dans un espace réduit. Fermé, c'est une petite boite qu'on empile ou range une à côté des autres. On peut l'oublier sans que sa mémoire s'efface. Pas de reflet déplaisant sur l'écran. On le lit dehors mème s'il pleut un peu. Faut pas exagéré. Et dans son bain. Échapper une tablette ou une liseuse dans l'eau. Le livre reste là en attendant qu'on l'ouvre. Des années ou de décennies s'il le faut. Il attend. Pas besoin de lui faire quelque chose ou de le réparer. J'ai vu, touché, examiné les pages de livres de 500 ans en parfait état. Avec de magnifiques gravures. Il y a des imprimeurs modernes sérieux mais d'autres qui attendent que les fabricants de tablette chinois leur prenne leur job. On ne peut pas l'effacer à distance comme Amazon a fait pour certains textes téléchargés et payés par ses clients sur des tablettes payés par eux. On peut l'acheter en librairie, par la poste, sur eBay, dans une librairie de livres usagés, dans un marché aux puces. Il fonctionne toujours.

Mais le roman en tant que roman change peu. Sa forme. L'écriture un peu. Rien de radical. Jamais on n'est passé de l'académisme au Cubisme ou à Carré Blanc sur Fond Blanc. On a essayé. Claude Gauvreau a essayé. Avec des sons imprimés. Ça l'a rendu fou.

On a essayé de renouveler la musique avec des sons. Quand on était sérieux et universitaires, ça foirait. Mais les jeune réussissaient. Parce qu'ils ne savaient pas qu'ils devaient composer de chefs-d'oeuvre. Que c'était obligatoire. Et parce qu'ils ne le savaient pas, ils en faisaient. On peut parler de Beethoven, il est mort. Jim Morisson aussi.

Mais c'est toujours des sons coupé de silence. Le silence, seul, ça marche pas. Le son constant, un bourdonnement, comme un acouphène, ça rend fou.

La musique est très variée mais jamais autant que l'image. Et l'image se regarde. On a parfois besoin d'un écran ou de l'imprimer mais elle peut être sur un mur.

La musique c'est aussi compliqué qu'un film. Il faut tout un attirail pour le recevoir et le fabriquer.

- Dans le fond, écrire, c'est facile

- Oui. Une liste d'épicerie. Liste des choses à faire. Post it. Agenda. Lorsqu'on connaît les mots et la grammaire. Si on veut aller plus loin, il faut un deuxième don. Raconter. Si on sait conter et écrire, on a un conte écrit. Une nouvelle. Un roman si c'est long. 

Gilgamesh. 
La Bible.  
Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua. 
L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche

Les Mémoires de Saint Simon. 





L'histoire a un avantage à l'égard de la charité sur les occasions où on vient de voir qu'elle permet, et quelquefois qu'elle prescrit, d'attaquer et de révéler les mauvais. C'est que l'histoire n'attaque et ne révèle que des gens morts, et morts depuis trop longtemps pour que personne prenne part en eux. Ainsi la réputation, la fortune et l'intérêt des vivants n'y sont en rien altérés, et la vérité paraît sans inconvénient dans toute sa pureté. La raison de cela est claire: celui qui écrit l'histoire de son temps, qui ne s'attache qu'au vrai, qui ne ménage personne, se garde bien de la montrer. Que n'aurait-il point à craindre de tant de gens puissants, offensés en personne, ou dans leurs plus proches par les vérités les plus certaines, et en même temps les plus cruelles! Il faudrait donc qu'un écrivain eût perdu le sens pour laisser soupçonner seulement qu'il écrit.

Les 3 mousquetaires et le suite et la suite. 
Dracula
Ubu Roi. 

La Destruction Des Juifs d'Europe de Raul Hilberg.

- C'est pas du roman

- Tout est littérature. 

- Mais un roman, c'est pas sérieux ?

- Qui dit ça ? Et on suppose que l'Histoire, c'est sérieux. On raconte. Et on apprend. Et on montre. En se donnant des airs de conte ou des façon de documents. ll y a longtemps que je ne m'attend plus à ce qu'un livre «sérieux» soit totalement vrai - même si on le prétend. Et qu'un texte prétendument inventé le soit vraiment ou tout à fait. Tout ceci parle des actes des hommes. Et sert à apprendre. Dans le bref temps qu'on nous laisse. Puisqu'on est mourant et condamné à mort. 


- Parce que vous ne pouviez chanter ni musiquer, vous dessiniez !

- On peut voir ça comme ça. Et j'étais dans la mauvaise époque. Lorsque j'avais 18 ans, on s'en rend compte. Ce que j'aurais aimé faire ce sont de grands tableaux qui prennent des mois comme Delacroix. Il est mort. Non seulement il est mort mais son art aussi. 

- On aime encore Delacroix

- Mais plus personne ne fait ça. C'est mort. C'est pour le musée. Bach est mort. On le joue encore. Même s'il y a Britney Spears. 

- Vous n'êtes pas sérieux.

- Womanizer, c'est bien. Vidéo superbe. Piece of Me. Aussi. Leonard Cohen. Un mage. Waiting For The Miracle. Début de Natural Born Killer d’Oliver Stone. Et Future. Fin du film.

La musique donne des effets plus plus puissants que l'image même si dans leurs formes, ces 2 arts sont infiniment variés. Ce qui n'est pas le cas du roman qui est fixé. Définitivement, je sais pas. 

Et, le pire, j'ai découvert que j'étais doué pour la sculpture. À la Rodin. 

- Qu'est-ce qu'il y a de mal?

- 10 - 15 ans de technique - qui ne s'enseigne plus - pour faire presque aussi bien ce qui a déjà été fait. Et, aujourd'hui, quelqu'un d'aussi doué, dans le genre réaliste, fait des pierres tombales ou des décors de films, les statues des films Harry Potter. Et la peinture à l'huile ne s'enseigne plus. On y  va en couleur directe comme pour la gouache ou avec l'acrylique. Oublions Vermeer. Qui est très bien encore pour un musée. 

- Et la BD

- Comme tous les jeunes artistes au biberon, je copiais ou même décalquais les dessins des revues Tintin, Spirou, Pilote. 

- Vous ne  tombez pas de haut ou vous n'y êtes jamais monté: vous passez du Grand Art à la BD.

- C'est la même chose. Qu'est-ce que ferait Delacroix aujourd'hui? De la BD. Du dessin animé. Du cinéma. De la photo. Un maître de l'image le reste. Le moyen change. Il faut une image puisqu'il ne fait pas de musique. Et qu'il ne contemple pas le vide comme un philosophe zen. 

Ceux qui font la gueule n'ont pas compris quelle révolution s'était effectuée. De même ampleur que celle de la Renaissance où on est revenu à l'Art Romain ou Grec ou ce qu'on imaginait tel. 

On était à Rome et on creusait et il y avait une statue. Ce qu'on n'avait pas détruit les 1000 ans avant était encore là. On ne croyait pas au progrès qui est une idée récente. Croire que le meilleur est avant. Et sera mieux que ce qu'il y avait hier. 

Ou leur version du progrès - car il savait qu'ils changeaient - renaissance dit tout - était que le meilleur était avant bien avant et que c'était mieux que le moyen-âge d'hier mais qu'on ne pourrait jamais faire aussi bien que les romains et les grecs ce qui n'empêchait pas d'essayer. 

- On dit que Vinci inventa la peinture à l'huile ce qui le fit saloper la Dernière Scène parce qu'il l'avait peint à l'huile sur plâtre et que ça pourrissait au lieu de sécher. 

- Mais il a fait 10 chefs-d'oeuvre dans sa vie. Ça suffit.

- Révolution ?

- La Renaissance s'est terminé par l'académisme et les recettes du XIX. Et la photo. Et le cinéma,. On n'avait plus besoin des artisans de l'image qui gagnaient leur vie à faire des portraits de bourgeois. Les photographes faisaient plus vite et moins cher et plus moderne. Et, en haut, les meilleurs, étaient tannés des recettes des 500 dernières années. Et ils chamboulèrent tout. 

Même si pour le public, la majorité n'ayant aucun sens visuel, est satisfaite si elle peut reconnaître ce qu'elle voit. La majorité aime donc Renoir. Parce qu'on sait ce qu'il y a dedans. Même si l'Impressionniste fut une révolution en soi. Rien par rapport à ce qui allait venir: le fauvisme, l'abstraction. Mais les gens du temps en firent une maladie. 

- Renoir est un grand peintre

- Reconnaissable.  Grand aussi. On ne dit pas de mal de Picasso parce que Picasso c'est une vedette, des tas de femmes et des tas de fric. C'est un gagnant. À notre époque, on aime. Mieux que Nelligan qui a passé sa vie à l'asile. 

Picasso est aussi bon même s'il a copié toute sa vie les 10 même scènes antiques. Mais il a forcé le regard à voir autrement. Il a vécu assez vieux pour être tout le temps dans les yeux des gens. Et les médias en parlaient comme ils font toujours quand il y a des vedettes, du fric et des femmes. Et c'était une usine à lui tout seul.

Voilà Mondrian, Brancusi.

- L'image reconnaissable s'en va. 

- Et qui arrive par en arrière ? La BD. J'ai dit que Delacroix aurait fait de la BD. Géricault aussi. Tintoret, Véronèse, Rubens aussi. 

- Ou de la photo. 

- Des jeux vidéos. L'Art se sépare en 2. Les savants qui font de la recherche fondamentale qui vont au-delà de la forme et de l'image. Et le type qui dessine sa blonde et qui ne la ferait jamais non-figurative. Les formes sont tout. Tout un tas d'artistes qui auraient fait de grands tableaux - aussi bien dans le sens de merveilleux que d'immenses - pour les commandes de l'État, du roi, de l'Église se retrouve le bec à l'eau. Probablement que chaque époque produit le même nombre d'artistes. Mais il y a des époques technologiques comme la nôtre et d'autres religieuses ou culturelles. Quoique la religion et la culture soient toujours allés ensemble sauf dans l'esprit des demeurés fanatiques. 

Les plus habiles font autre chose. L'illustration dans les grandes revues. Avant la TV. Avant que Life - eux c'étaient la photo - meure. Il y a aussi l'architecture. Pour les plus timides, il y a la BD. Comme les immigrés Juifs d'Europe qui arrivent aux USA et qui ont des familles à faire bouffer. Si la Pub n'en veut pas, il y a la presse populaire. Travailler beaucoup pour pas grand chose. Au moins, on est au chaud et assis. À l'époque de la Crise économique, c'est pas tout le monde. Et même quand ça va mal et même quand ça va très mal, les gens veulent rêver. Les cinémas à ce moment étaient des temples, des palaces. 

Mais la BD - en 100 ans - développe très vite son académisme. Ses maniérismes. Quelqu'un disait que c'était un artisanat de moine copiste. On se crève les yeux et le dos et le cul. Et mal payé en plus. Car art commercial. Mais fauché. Par rapport à la Pub. Et qui n'a pas le prestige du cinéma. Et tout le fric des vrais capitales du cinéma - aussi capitales des arts anciens. 

Et s'il y a du fric à faire, en système capitaliste, ce sera le patron qui le fera. Pas les petites mains qui font font.

Il y a les anecdotes pittoresques de l'éditeur qui exige qu'une planche - ce qui deviendra la page imprimée- ait 14 dessins. On travaille généralement sur une grille de 12. 4 bandes horizontales et 3 verticales ce qui fait un gaufrier comme disait Franquin. 12 cases c'est pas assez. 

Format qui changera avec l'ordinateur et les BD sur téléphone. Mais lors de la publication imprimée sur journal, 1 page par semaine, s'il faut suivre l'histoire, il faut un certain nombre de scènes et de dialogues. Sur une page - le format a été inventé justement par les moines copistes du Moyen-Âge pour raconter les aventures de Dieu - on met au plus 12 dessins. Autrement, ça fait tassé. Et on n'est pas des chiens. Faut les dessiner ces dessins. Et il y a le texte à entrer. Alors, s'il y a trop de têtes qui parlent ou des décors, il faut allonger les dessins en panoramiques. On a donc 2 formats. Souvent par les mêmes auteurs. La BD en feuilleton et en bandes et dessinés: un bandeau de 3 ou 4 images. 6 jours semaine. Et le dimanche, la plage couleur de 4 bandes. 

Et ça a très bien fonctionné pendant 1 siècle. En Europe, il y avait les albums qui republiaient ce qui l'avait été dans les revues dans la même forme que les pages du dimanche des USA. Et il y avait aux USA les comic book. On avait le grand journal qu'on plia en 2 qui devint le tabloïd du peuple et on le replia encore et on eut les petites revues avec des romans sentimentaux dessinés, ou policiers, ou d'horreur ou des SF. Spécialement avec des super-héros. Maintenant 2 géants médiatiques Marvel et DC. Propriété de Time Life et de Disney. Propriété de. 

On paie davantage. Et on accorde parfois les droits d'auteur comme pour les romans comme on fait en Europe. Et on remet les planches. Avant, on les jetait ou les donnait en prime aux annonceurs. Les auteurs vendaient pour presque rien leurs inventions sans savoir qu'ils auraient pu en obtenir plus ce qui a donné des industries milliardaires et des milliardaires. Superman. Toute l'oeuvre de Jack Kirby. Bref, un boulot de merde. Ici, il y a eu l'affaire Cinar et Caillou pour nous rappeler les joies du capitalisme et de la justice. 

Et comme c'est pour les enfants, on exige que Lucky Luke mâchouille un brin d'herbe au lieu d'une cigarette. 

Et tout le monde pense que c'est pour les enfants. 

- Bref, aucune personne censée ne se lance là-dedans. 

- Aucune personne censée ne se lance dans cette vie. Elle y est parce qu'elle n'a pas le choix. Et le pas de choix oblige à respirer et survivre et à gagner sa vie. Parce qu'on n'est rien sans $ ici. C'est la valeur de toute chose. La seule valeur. 

Peut-être qu'elle ne voudrait jamais rencontrer ceux qui étaient ou seront ou seraient ses parents s'il devait les rencontrer. Ce n'est pas le genre de choses qui se décident. Les choses vont. Et on finit ses aventures pitoyables d'humains dans un trou. Oublié de tous.

- Pas tout le monde !

- Tout le monde. Ceux dont on dit se souvenir ont quel rapport avec le tas de viande et de sang qu'ils ont été. On a reconstruit leurs images. Et si cette image dure, on la changera et l'adaptera aux nécessités du moment. Et, après tout, quel bien ça fait à un cancéreux qu'on se souvienne de lui ? Qu'on prie pour lui avec des lampions. S'il est catho, oui. Peut-être. 

- Et

- De temps en temps, me prenait une envie de dessins. Et j'allais même jusqu'à dessiner. Parfois. Des trucs, disons, plus artistiques, si on se sert des catégorie des autres, les anciennes.

Quant à la BD de mon enfance, il m'est arrivé d'en faire. Mais ça avait toujours le même défaut. Ça ressemblait à quelque chose qui existait déjà. Ou si j'avais une bonne histoire sans savoir comment la représenter, cette histoire était un scénario. Et ça m'a pris du temps à comprendre comment mon esprit fonctionnait. Je ne dois pas toucher à un scénario. Pour moi, dans ce cas, l'histoire est finie, terminée. Très bien comme ça. Il y en a qui remplisse autour et font une pièce de théâtre ou un roman. J'en suis incapable. Et puisque l'histoire est terminée, à moins qu'un autre ne la dessine, pourquoi le faire moi-même et comment sans m'ennuyer comme une huître sur son rocher. J'imagine qu'elle s'ennuie. Aux USA, on utilise souvent le système à 2 dessinateurs. Un qui fait au plomb. Pas le brouillon mais un vrai dessin. L'autre qui encre. Parce que dans l'esprit de gens comme Jack Kirby, encrer soi-même, c'est dessiner 2 fois. Et il aime mieux inventer 1 fois. Et 1 autre. Certains comprennent très vite. Trop vite. Et dès qu'ils ont compris, ça les ennuie.

- Donc le temps passé

- 50 ans.

- Et 1 jour.

- Je travaillais sur DOUTEUR et j'étais bien en selle sur HISTOIRES DE FANTÔMES (avec Henry Dickson) et l'envie m'a repris. Généralement, comme les romans, 1 fois par 10 ans.

Comme je travaillais sur ordinateur, je me suis dit alors. Et j'ai fait un autre site. PROFESSEUR BULLE

- Le nom était déjà connu.

- Il me servait à signer mes commentaires depuis que DOUTEUR me paraissait trop patriarche et ancestral. Et dans DOUTEUR j'avais déjà commencé à trouver une famille pour le prof. De petits contes écrits. Et j'avais déjà mes personnages. En mots. Sauf le prof qui était en image. Et me servait d'icône au site. Google appelle ça aussi favicon. Le genre de mini-image qui apparaît dans l'historique des recherches du jour.

Je ne sais pas comment il est arrivé. C'est lors de mes tests sur Paint.

- On dirait un signal routier avec la tête ronde.

- Et il a au sarrau blanc. Un tas de stylo. Quand j'étais étudiant, j'avais une chemise avec autant de stylo et un prof - qui est devenu sclupteur - il fait des installations avec des chaises de jardin coulée en bronze - m'avait dit que je ressemblais à un garagiste. Le sarrau c'est utile quand on fait quelque chose de cochon comme la gravure. Mais, lui, c'est savant.

- Et il a un noeud papillon rouge comme André Arthur

- On dira.

- Et encore une fois, je me retrouve avec un site sans rien.

- Vous aviez le nom du site, c'est déjà ça.

- Dans les autres, je pouvais écrire et c'est ce que j'ai fait. Mais j'avais décidé que je dessinerais.

Et dessiner avec une souris, c'est pas facile.